brouillard : corps et lumière

Installations lumineuses (2018)

L’exposition Brouillard : corps et lumière est composée de quatre œuvres ayant en commun leur utilisation de la lumière comme médium et le corps comme sujet. Elle a été présentée en 2018-2019 dans trois Maisons de la culture à Montréal.

Les quatre œuvres constituant Brouillard : corps et lumière se répondent, sans toutefois se contaminer dans l’espace d’exposition. Vecteur (2018) présente quatre silhouettes d’acrylique en position de chute dont les contours sont illuminés par des fils électroluminescents. Le mouvement est déconstruit, illustré à quatre moments d’une séquence, mais rien ne bouge. Ces personnages sont anonymes et non-genrés, tout ce qu’on reconnaît c’est leur manque d’appui, leur état de chute. Le Caisson à Brouillard (2012) montre également les contours d’un personnage, mais cette fois en vidéo, projetée sur une couche de fumée contenue dans un boîtier dont le dessus est translucide. L’image captée par la surface volatile et diaphane apparaît comme intangible, insaisissable. Push (2015) utilise aussi une figure simple composées de quelques pixels, des diodes électroluminescentes (LED), qui forment le symbole universel du bonhomme sourire, mais à la bouche renversée exprimant ce qui est consensuellement interprété comme de la tristesse. Un bouton lumineux situé juste en dessous incite le spectateur à appuyer, ce qui a pour effet de renverser l’expression du personnage qui aborde alors un sourire. On retrouve finalement le pixel dans À l’∞ (2017), quatrième pièce de cette exposition. Cette dernière comprend une matrice de diodes électroluminescentes courbée, dont la trajectoire dessine un cercle autour d’un pilier central. Sur cet écran DIY évolue une forme humaine, androgyne, aux traits indéchiffrables. Tantôt accroupie, tantôt marchant fièrement les bras levés, cette figure de pixels marche d’un pas régulier et orbite autour du centre. Tout comme pour Push, l’œuvre exige un engagement du spectateur : pour voir le parcours complet du personnage, il faut en suivre les circonvolutions, tourner avec lui dans l’espace de présentation.

Ces œuvres ont en commun des personnages, des formes humaines assez concrètes pour que l’on s’identifie à elles, mais suffisamment neutres pour y projeter une interprétation : La chute dépeinte dans Vecteur est-elle délibérée ou accidentel? Les personnages ont-ils peur de s'abandonner à ce manque d'attachement? Et ce corps dans Le Caisson à Brouillard, est-il captif ou abrité? Et qu’est-ce qui explique ces changements de postures si contrastés dans À l’∞? Cette ambivalence des corps et des émotions imprègne chacune des pièces. Même Push, d’apparence simple, est néanmoins un commentaire qu’il est souvent nécessaire de fournir un effort pour garder le sourire. Par ces œuvres lumineuses, l’espace est sculpté de contrastes et d’ambiguïtés qui invite à la contemplation et où les extrêmes cohabitent comme la lumière et la noirceur.

À L’∞ réalisé avec le soutien

 
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